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De l’espoir des mots (et du désespoir, et de l’inspiration) / French

23 juin 2009
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La lumière aujourd'hui est changeante. Elle hésite entre le soleil et la pluie, entre rire et pleurer. Finalement elle choisit le sourire : une ondée par-ci, une éclaircie par-là. Des éclairs de lumière sous une jupe de ciel gris.

Ces phrases ne sont pas de moi. Même si elles vivent et dansent pour mes yeux sur une page crème des éditions Gallimard. Christian Bobin leur a donnée naissance comme à beaucoup d'autres, dans son livre "La femme à venir". 


Je n'ai pas tout aimé. 

On ne peut pas toujours être d'accord avec l'auteur et ce qu'il décide de faire vivre à ses personnages. 

C'était avant les forums de discussion, avant les portables. Le temps nous appartenait plus. Acheter un livre était un délice parfois spontané, plus souvent réfléchi. Pour mon petit budget d'étudiante, il fallait en feuilleter plusieurs, lire des fragments ça et là. Rester dans les jolies librairies de quartier aux conversations étouffées. Rester, lire, feuilleter jusqu'à trouver la perle rare. 


A l'époque, je commençais souvent un livre par le milieu en terminant au début. Parce que l'écrivain avait son histoire et que moi je me créais la mienne. Parce que aussi le récit peinait à commencer et que je n'avais pas la patience d'attendre. Parce que, enfin, j'étais têtue et un tantinet paresseuse.


Ce n'était pas le premier de Christian Bobin. Je ne les ai pas tous lu, et pas dans l'ordre. Mon premier, "l'Inespérée", a transformé ma relation aux mots. En levant la barre si haut que je m'en suis cassée les doigts, que je n'ai pas écrit pendant deux ans. 


Christian Bobin est autant reconnu que méprisé par ses pairs : même si ses phrases figurent en exemple dans les manuels de linguistique, les éditeurs ont inventé pour lui le terme de Bobinade.

En ce qui me concerne, le lire a été d'abord un éblouissement intense, suivi d'une tristesse insondable.


Il a fallu apprendre à lâcher. Lâcher le style d'écriture que je souhaitais obtenir. Lâcher le fait d'être publiée, d'en faire un métier.

Cela a pris du temps.

Revenir à une écriture plaisir. A une écriture qui s'assume, qui me dévoile et me cache. Une écriture vraie, maladroite et authentique. Accepter que, comme moi, mes histoires et les mots que j'utilise seront bancals, imparfaits, humains. Accepter que j'avais peut-être tous les défauts d'une écrivaillon et aucune qualité littéraire. Accepter, et rebondir.

Et puis, pour répondre aux docteurs de la Sorbonne pour qui les ateliers d'écriture sont une hérésie, si l'écriture telle qu'ils la conçoivent ne s'apprend pas, elle se travaille. Les meilleurs écrivains font leurs gammes, musclent leur plume, amassent les lignes, des mots, des tâches d'encre  pour n'en garder qu'une infime partie. Celle qu'ils pourront montrer. 


Alors, peut-être y a-t-il de l'espoir.


Pour ceux qui souhaiteraient faire un bout de chemin avec l'auteur, je vous conseille "La Plus que Vive", ou encore "Le Très Bas" sur Saint François d'Assise.

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