Archive for juin 2009

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Il faut du temps, la paix revient

30 juin 2009

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Tes promenades cessent, à la place tu pars au village. Avec le train les distances se resserrent, cela prend la journée mais tu peux faire l’aller et retour et arriver à temps le soir. 


Personne ne s’en rends compte. 


Tu y va presque tous les jours. Tu restes devant sa tombe sans rien dire, sans penser. D’abords déchirée, révoltée. Et puis, le temps passant, le désespoir laisse place à une immense et lourde tristesse. 


Il y a quelque chose d’étonnement reposant à entretenir une tombe. A arroser les plantes, enlever les feuilles mortes, s’assurer que la tombe reste belle. On pense au disparu tout en étant actif, en ayant l’impression de se rendre utile. Au fil du temps, les rencontres se créent autour des arrosoirs et des points d’eau. Ce sont les mêmes visages qui se croisent, chacun s’affairant lentement auprès de la pierre de son défunt.


Le cimetière de notre village est simple. Les dalles soigneusement alignées témoignent du passage du temps à mesure qu’elles reculent vers le fond. Là, la pierre blanche est tachée de grisaille et les croix sont souvent rouillées.


C’est là que vous vous reverrez. C’est là qu’enfin vous parviendrez à vous toucher, c’est un geste simple mais si difficile, son bras autour de tes épaules. Vous ne direz rien, le temps de vous recueillir, le temps de partager vos larmes. 


Serrés l’un contre l’autre. 

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Elle danse encore, elle dansera toujours

27 juin 2009

J’aimerais remercier Denis de m’avoir permis de conserver ces lignes. Quoique cette histoire n’est pas la sienne, elles le concernent car écrites directement après l’enterrement de Catherine Pénard-Guiot, sa femme. Catherine avait 43 ans, Catherine était plus jeune, plus vivante, plus généreuse et plus rayonnante que nous. Notre rencontre sur terre fut trop brève et pourtant elle a bouleversé ma vie. 

Aujourd’hui, c’est toujours un peu plus difficile.


Merci Catherine. Ta joie danse encore au plus profond de mon coeur.


J’aimerais également inclure une pensée particulière vers Tante Christine, pour qui une messe est célébrée ce soir. Je n’y serais pas physiquement, mais en union. 


Extrait des Larmes de Pierre (non terminé, non envoyé, non rien du tout…)


Tu vas à un groupe de soutien.


Ou plutôt, on t’y a inscrite. Un peu au hasard. Ton entourage, ta mère, a pensé qu’il te fallait ça. Que tu n’y parviendrais pas toute seule. Comme si elle pouvait savoir mieux que toi. 


Murée d’indifférence, tu t’y rends. La plupart des participants parlent de la perte, de la souffrance, de la dépression. Des âmes meurtries regroupée en cercles sur des chaises, la moquette usée au sol et la peinture qui commence à se fendiller dans l’indifférence.


#


Cette longue plainte douloureuse qui souffle au-dessus de vous, qui traverse vos corps, résonne autour de vous et teinte la vie d’absence et de grisaille.

Un jour, tu entends cet homme qui a perdu sa femme, qui a perdu sa flamme, la lumière de sa vie, qui se retrouve seul, vide, perdu. D’une voix rouillée il relate avec des mots simples la joie qu’ils ont eu de se découvrir, de passer vingt ans ensemble. Combien il erre dans l’existence sans pourvoir l’entendre ou la toucher, respirer en elle, sentir la peau de celle qu’il aime. Sans regretter un seul instant le moindre de ses choix, les femmes qu’il a pu quitter, les amis qui se sont fâchés, car il n’y en avait qu’une, il n’y avait qu’elle et il lui était impossible de continuer autrement dès lors qu’il l’a connue. 

Le reste n’avait pas d’importance.


Avec pudeur et humilité, il raconte le bonheur d’avoir vécu, les souvenirs qui apaisent parfois ses insomnies, le drame silencieux de la maladie, qui l’a emportée morceau par morceau, qui a brisé son corps et finalement emporté la lumière qui dansait en elle. Les nuits froides à se retourner dans son lit car elle n’est pas à côté de lui. Il ne reste plus qu’une photos dans un cadre, une voix sur un répondeur. L’absence est la plus terrible des tortures. Le spirituel a beau consoler et rassurer, l’homme garde en lui cet instinct animal et physique qui crie au manque, car les autres illuminent nos existences de leur présence, ils sont nos fers de lance, nos ancres, les moteurs qui nous permettent d’avancer et de trouver du sens. Seuls, nous ne sommes rien. Nous nous définissons par rapports aux êtres dans des relations qui peuvent autant nous grandir que nous rabaisser, et eux se définissent par rapport à nous dans ces mêmes liens. C’est un pouvoir fragile et important, c’est quelque chose de sublime et de tragique que cette dépendance à la chaleur humaine.


En face, une voix s’élève et parle du désert et de la couleur du blé. C’est un homme  aussi, qui parle de la possibilité d’une île où nous sommes attendus. Quand le soleil brille assez fort et qu’on se brûle les yeux à scruter l’horizon, on parvient presque à les voir, à les entendre encore, eux, les absents, partis sur cette île qu’on ne peut rejoindre avec des rames, qu’on ne peut deviner à travers ses larmes, mais qui est bien là et cette certitude lui permet de continuer, de mettre un pied devant l’autre et de ne pas abandonner la partie. Car il faudra qu’il en ait, des histoires à raconter, le jour où il rejoindra sa plage, où il pourra se percher sur ses falaises escarpées avec elle; et s’il arrive les mots vides, la vie inutile, sans n’avoir fait rien d’autre que d’attendre de pouvoir traverser, alors à quoi bon, et surtout, comment pourra-t-il alors la regarder en face?


Tu écoutes cette voix. Sans pleurer – tu attendras d’être dehors, les épaules voûtées face au trottoir et seule, tremblante de violents sanglots silencieux et secs – sans pleurer tu bois ce timbre grave et ces mots qui enfin ont un sens. Tu en cries presque, enfin, enfin quelqu’un qui te parle, cet inconnu vêtu de noir, assis sur une chaise face à toi. Tu oses à peine regarder son visage. Seule compte la musique qui coule de ses lèvres.


A partir de ce moment tu as ton île à toi et il s’y promène et y grandit noyé de soleil et d’insouciance. Maintenant toi aussi tu plisses des yeux pour apercevoir ce monde inaccessible. Quand le moment sera venu, tu trouveras tes rames et tu le rejoindras. Vous referez connaissance, quoique tu saches déjà tout de lui, cet être qui vole avec les anges. Après les jours noirs où tu as sombré dans tes abîmes, tu sens enfin l’air frais caresser ton visage et qu’importe la saison, pour toi c’est le printemps.

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’till death does us part / anglais

25 juin 2009

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We all have a different relation-ship with death. 

There are those who simply block the notion out of their minds, who stand still and fear it. Those in pain, whether physical or in other forms, who seek it desperately, awaiting or even provoking it. Some who defy it, or ignore it out of self confidence. Others who rush through life in a vain try to outrun it, knowing it, fearing it, trying to postpone it’s grasp as long as they can. And the wiser ones who accept it almost as a companion they will join one day, tranquilly accepting their fleeting existence. For we are but a flicker of light in such a vast universe.

We are all facing death, yet we all are alone facing it. Even when a close one dies, a child, family or friend, a collegue. We tend to flock, staying close to one another, sometimes touching or hugging. In silence or drinking or making bad jokes « in memory of ». The Irish got that part right.  

Anything to avoid loneliness. 

And so we share our solitary mourning. Grieving the loss, and also remembering that we too will go one day. That we will leave this life behind and the people we had filled it with.

I’ve met death three times, in a very short time span, and somehow managed to convince it that now was not the time. Dying was simply out of the question (even when I actually thought I was dead. But then, my head was cracked open so I obviously couldn’t think straight). My only option was life, a life in pain but still a life, and the pain reminds me that I am still there and how lucky I am, really. Now that I have children thought, I probably would be more afraid, not for me, but for them. Even if I like to believe that they would be strong enough, that they would have been loved enough to stand up and survive and walk their own path.

This last week of June is filled with black stones for me. Not one day passes that I do not have to mourn someone. A Grand-Father, Grand-Uncle, an Aunt, a Friend. Some whom I knew from a distance, and others who had a significant impact in my life.
Most of them died of cancer, very young, or too young anyway for I wasn’t ready to let them go. 

I had planned to blog in French on Saturday, for it’s a significant date for me and the day always holds both very sad and very happy memories. And I think I shall blog for her and celebrate who she was and what she brought in my life on that day, as planned.

Someone died, someone passed away last night. Someone I worked with, or rather worked for. Whom I saw struggle with pain, a pain she first thought she could hide until she couldn’t. Whom we all saw fight like a lion against the monster that is cancer. Who won battles, one after the other, while still giving strength and expecting the best from us at all times. Because being unrelenting was the best compliment she could give us. Because keeping our minds off her illness was her way of protecting us as long as she could. She kept on going and on fighting until there was nothing but pain, until her body couldn’t go on even thought her mind could. 

So today, we flocked. We cried, we hugged. We stayed in silence, and then we went back to work. Because that’s how she raised us really, though she was probably more a teacher than a mother to her team.
And tonight, I blog. I blog in English and that probably would have caused her to give me proper scolding in her brusque graveling voice, but in a way, because we were more alike than different, I think that’s OK. (I deal with emotions best in English.)

Tonight I’ll drink a glass of the Mercurey red wine we should have drank together, and toast her name. I’ll remember the twinkle she had in her brown chestnut eyes, and her real frank smile. 

The purple pansies come from a Fondation d’Auteuil horticulture school in Sannois, France (95).

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De l’espoir des mots (et du désespoir, et de l’inspiration) / French

23 juin 2009
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La lumière aujourd'hui est changeante. Elle hésite entre le soleil et la pluie, entre rire et pleurer. Finalement elle choisit le sourire : une ondée par-ci, une éclaircie par-là. Des éclairs de lumière sous une jupe de ciel gris.

Ces phrases ne sont pas de moi. Même si elles vivent et dansent pour mes yeux sur une page crème des éditions Gallimard. Christian Bobin leur a donnée naissance comme à beaucoup d'autres, dans son livre "La femme à venir". 


Je n'ai pas tout aimé. 

On ne peut pas toujours être d'accord avec l'auteur et ce qu'il décide de faire vivre à ses personnages. 

C'était avant les forums de discussion, avant les portables. Le temps nous appartenait plus. Acheter un livre était un délice parfois spontané, plus souvent réfléchi. Pour mon petit budget d'étudiante, il fallait en feuilleter plusieurs, lire des fragments ça et là. Rester dans les jolies librairies de quartier aux conversations étouffées. Rester, lire, feuilleter jusqu'à trouver la perle rare. 


A l'époque, je commençais souvent un livre par le milieu en terminant au début. Parce que l'écrivain avait son histoire et que moi je me créais la mienne. Parce que aussi le récit peinait à commencer et que je n'avais pas la patience d'attendre. Parce que, enfin, j'étais têtue et un tantinet paresseuse.


Ce n'était pas le premier de Christian Bobin. Je ne les ai pas tous lu, et pas dans l'ordre. Mon premier, "l'Inespérée", a transformé ma relation aux mots. En levant la barre si haut que je m'en suis cassée les doigts, que je n'ai pas écrit pendant deux ans. 


Christian Bobin est autant reconnu que méprisé par ses pairs : même si ses phrases figurent en exemple dans les manuels de linguistique, les éditeurs ont inventé pour lui le terme de Bobinade.

En ce qui me concerne, le lire a été d'abord un éblouissement intense, suivi d'une tristesse insondable.


Il a fallu apprendre à lâcher. Lâcher le style d'écriture que je souhaitais obtenir. Lâcher le fait d'être publiée, d'en faire un métier.

Cela a pris du temps.

Revenir à une écriture plaisir. A une écriture qui s'assume, qui me dévoile et me cache. Une écriture vraie, maladroite et authentique. Accepter que, comme moi, mes histoires et les mots que j'utilise seront bancals, imparfaits, humains. Accepter que j'avais peut-être tous les défauts d'une écrivaillon et aucune qualité littéraire. Accepter, et rebondir.

Et puis, pour répondre aux docteurs de la Sorbonne pour qui les ateliers d'écriture sont une hérésie, si l'écriture telle qu'ils la conçoivent ne s'apprend pas, elle se travaille. Les meilleurs écrivains font leurs gammes, musclent leur plume, amassent les lignes, des mots, des tâches d'encre  pour n'en garder qu'une infime partie. Celle qu'ils pourront montrer. 


Alors, peut-être y a-t-il de l'espoir.


Pour ceux qui souhaiteraient faire un bout de chemin avec l'auteur, je vous conseille "La Plus que Vive", ou encore "Le Très Bas" sur Saint François d'Assise.

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L’encre volée – faux épilogue

12 juin 2009

A l'époque Seuil en a presque voulu. C'était trop court pour eux et pour moi l'histoire était terminée. Contrairement à leurs attentes, je n'avais rien à ajouter. Aujourd'hui je me dit que je ne suis pas allée jusqu'au bout.
Qui sait, l'été sera long et j'ai prévu d'écrire. Je reprendrai peut-être ce texte.
C'était mon premier roman abouti et, finalement, ce n'était pas si mal que ça.  Quoique un peu trop dramatique. En tout cas je peux aujourd'hui me pencher sur ces lignes sans embarras et avec même quelque tendresse. J'ai mis une partie sur facebook, voici la fin.
(les fautes d'orthographe sont d'origine

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)
A suivre?

Faux Epilogue.

Un
soleil de printemps. Elle avait eu envie de voguer sur la Seine et regardait le
scintillement de l'eau qui se reflétait contre les monuments ornant le fleuve.
Songeuse et seule. Un peu perdue dans des pensées agréables et sans nom.

Une
journée de vacances en solitaire, les enfants enfermés à l'école et l'être aimé
au bureau. Et elle, les mains vides, les doigts vides, ses pensées errant au gré
de l'eau, une brise légère dans les cheveux.

Son
livre est imprimé, finalement. Elle a réussi à en extirper les phrases de son cœur
et à aligner des pages intimes et belles qui ont su toucher un éditeur, puis un
public. Combien de ventes déjà ? Beaucoup, presque trop. Parfois, un flottement
interdit se demande s'Il l'a lu. S'il sait qu'elle a réussi son rêve et écrit
un livre. Un livre qui se trouve maintenant dans les vitrines de toutes les
librairies et qui égaie un instant la vie des gens. Puis son esprit court
ailleurs. Il est pensée non grata, une ombre inconsistante reléguée au passé.

Il
n'existe plus.

Elle
a failli ne pas l'écrire. Son histoire, ou plutôt leur non-histoire. Le titre
voulait tout dire pour elle, d'ailleurs, au départ, elle n'avait que ça, un
titre. Et quelqu'un le lui a pris, une espèce de ponte qui a imaginé un
best-seller appelé " le Carnet Rouge ". Alors elle s'est arrêtée.
Sans lire le ponte. Tout en ayant envie, mais luttant, rancunière à mort,
contre cet auteur pie voleuse. C'était " son " titre !

Puis,
un jour, elle s'est résignée en faveur d'un autre. Celui-ci existait peut-être
déjà, elle n'a pas voulu savoir.

Les
pages sont venues à vive allure, s'enchaînant sans peine comme si les longs
jours d'attente avaient créé un bouchon, et que maintenant qu'elle se donnait
le droit de faire exister cette histoire, les pages légères se précipitaient
toutes voiles dehors en grande bousculade, de peur de perdre leur unique chance
d'être.

Et
chaque mot tracé le faisait disparaître.

Elle
se souvient des questions qui revenaient parfois la hanter avec leurs doutes.
Et si… auraient-ils pu prendre un chemin différent qui les aurait réunis ? Sa
vie en aurait-elle été plus heureuse ? Mais, la dernière phrase achevée, le
point enfin final posé, son esprit trouva la paix et il devint oubli.

Il
reviendra parfois, c'est certain, comme aujourd'hui où elle songe doucement à
leurs soleils de printemps sur les terrasses de cafés parisiens. Son nom
ressurgira parmi d'autres souvenirs et odeurs du passé, pour s'effacer ensuite
lentement et disparaître à jamais. Elle n’a plus mal.

Elle
lève les yeux et regarde la foule à terre. Touristes en casquettes et citadins
pressés. Une masse grouillante écrasée par l'histoire des pierres qu'ils côtoient.
La pierre de taille aveuglante de lumière et de présence.

*

Il
a lu son histoire et n'a pas réagi. Lui qui avait enfin accès à ces mots qui
l’avaient tant obsédé. Maintenant, il essaie l'oubli. L'oubli des lignes du
passé qu'il a vu défiler sous ses yeux fatigués.

Accoudé
sur une rambarde, il regarde les péniches et leurs lentes migrations. Sa femme à
Dijon dans ses vins, son amant et les non-dits du petit-déjeuner, un fils
absent qui ressemble à sa jeunesse et à ses espoirs.

C'est
dans sa chambre qu'il a trouvé le livre. La chambre du fils. Il a hésité un
instant avant de demander d'une voix un peu enrouée s'il pouvait lui emprunter
cet ouvrage.

Regard
surpris du jeune homme, étonné que son père et lui puisse partager un même
centre d'intérêt.

Sa
femme était partie, encore, et il du attendre que son fils déserte à son tour
leur demeure inutile pour oser s'installer et l'ouvrir. En silence, sans
musique, sans cigarettes non plus – l'âge aidant, il avait arrêté – mais avec
une bouteille d'un millésime quelconque abandonné par son épouse au cours d'un
bref passage.

L'odeur
du livre neuf qu'on ouvre presque pour la première fois.

Il
l'a retrouvée tout de suite… sa lumière, sa fraîcheur, et un peu de ce mystère
qui l'avait séduit un fugitif instant avant de devenir une obsession. Premières
phrases douloureuses, comme un long étouffement humide, tant sa présence est
forte et les mots justes. Puis sa poitrine qui se détend, une souffrance un peu
lourde encore sournoisement tapie en lui.

Il
a revu le soleil du jardin du Luxembourg, ses rêves enfantins et le marchand de
glace juste devant l'entrée. Il a revécu les rires qu'ils avaient partagés et
les rêves qu'ils s'étaient confiés comme des trésors fragiles, qu'ils avaient écrits
sur un brouillon déchiré et confiés à la Seine dans des bouteilles poussiéreuses.
Comme ça, pour s'amuser, pour l'aventure des flots et les histoires qu'on
pouvait inventer… Maintenant, les bouteilles sont arrivées jusqu'à la mer et
ont échoué sur les côtes anglaises… ou bien elles sont allées jusqu'au Pôle
Nord et sont prisonnières d'un iceberg… ou peut-être se sont-elles brisées à
quelques mètres de là, contre le bord de la rive ou sur la coque d'un bateau.

Et
surtout cette chose en lui qui a pleuré des larmes amères. Tout ça pour ça ?
A la fin du livre, ses mains ont tremblé tant elle était présente en lui, et
tant la force de cette présence lui donnait le vertige, comme autrefois
lorsqu’il avait touché le fond de son autre lui, celui qui se cache dans les
limbes obscurs, prêt à ressurgir à la moindre chance.

Ses
yeux errent sur l'eau scintillante. Une drôle d'embarcation surgit lentement du
pont avec une femme en blanc en proue, les gestes libres et les cheveux au
vent. Il reste immobile et la regarde, profondément remué par la façon
particulière dont elle bouge et incline la tête. Sans comprendre pourquoi. Il
regarde cette étrangère, son dos, sa nuque parfois dévoilée par la brise, la grâce
de sa main effleurant la rampe.

*


Nous sommes bientôt arrivés Madame.

Elle
se retourne, surprise. Fait face à l'homme en uniforme et le remercie de
l'avoir prise à bord en dernière minute.

Son
nom résonne tout à coup autour d'elle. Elle agite la tête, d'où cela vient-il ?
C'est un murmure dans le vent, un écho inaudible qui pourtant retentit très
fortement en elle. Elle se retourne sans rien voir. Elle aurait rêvé…

Il
faut rallumer son téléphone. Cinq messages en absence, son éditeur va être fou.

L'escapade
est terminée.

*

Elle
se retourne et il plonge dans son sourire. Le sourire de ses yeux, le sourire
de son visage, ce sourire qu'il pourrait redessiner dans le noir et qu'il n'a
su retrouver en personne d'autre. Un sourire de lumière qui illumine celui qui
le reçoit, comme un précieux et unique cadeau. Qui va se loger là, dans le cœur,
et qui ne s'oublie jamais.

Il
faut qu'il l'appelle. Qu'il l'acclame comme il n'a pas su le faire autrefois.
Ses lèvres sont entrouvertes, il va crier son nom du haut de son perchoir et
elle lèvera la tête. Leurs regards se rencontreront et elle le reconnaîtra…
et quoi ?

Et
rien. A sa vue, il sent la fièvre remuer en lui et le cauchemar qui est prêt à
l’engloutir de nouveau. Il sent cette pulsion bourdonner avec violence, celle,
destructrice et effrayante, qui l’a dévoré jadis et dont le souvenir le fait
encore frissonner de honte et de peur.

Son
nom meurt sur ses lèvres. C'est hier qu'il aurait fallu le prononcer. Prendre
son sac et partir à sa recherche, se mettre à genoux et la convaincre de rester
à lui, les convaincre tous les deux que c’était fini, cette espèce de frénésie
malsaine qui les avait détruits. C’est hier qu’il aurait fallu vaincre ce démon
à l’appétit insatiable qui attend qu’on relâche sa bride.

C'est
ainsi. Il ne l'appellera pas. Jamais, pas hier, pas cette fois, plus jamais. Et
déjà elle est loin, une silhouette blanche dans le soleil de l'eau.

 

Nous
sommes bientôt arrivés…

 

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regarder et/ou avancer dans la même direction? (French lesson)

5 juin 2009

Avec un peu de retard.

Marié ou non, lorsqu'on s'engage dans une vie à deux, on est au départ
tourné dans la même direction : celle d'un avenir que l'on souhaite
construire à deux. Nos regards se joignent donc au moins à ce moment.

Savoir si, ensuite, on parviendra à avancer ensemble et dans la même direction…
C'est
un pari. Une prise de risque, une escalade sans encordage. (Même si
certains se rassurent avec un contrat de mariage. En ce qui me
concerne, le risque n'est pas tant matériel que personnel. Vais-je
réussir à grandir, allons réussir à nous grandir. Ensemble. Ces questions trouvent leur réponse au fur et à mesure.). C'est une
aventure, une ballade, un choix. Il y a eu et il y aura des après-midi ensoleillés
sans un souffle de vent, comme aussi des tempêtes entre nous et autour de nous. Parfois la vie a été et sera
sans merci envers l'un ou l'autre.

Les dates anniversaires ne servant pas qu'à savourer du champagne en s'autocongratulant mutuellement d'être aussi merveilleux et aimable, ci-joint un petit florilège de ce que deviennent les dialogues après 9 ans de vie commune, et 11 à baigner dans la guimauve… Sur le thème, donc, de regarder et d'avancer.

Allez, champagne, je t'aime toujours comme au premier jour… (musique sucrée, guimauve, bulles, fin de "l'introspective").

:)

http://fr.thefreedictionary.com/
               Regarder :
v.t. regarder (de garder, veiller)

Ce que je lui dit :

1.  Porter la vue sur: (avant) Je pourrais regarder ton visage pendant des heures. (ensuite) Ces enfants regardent trop la télévision. Regarde-moi, chéri, regarde-moi : alors, qu'est ce qui a changé? (ça te plait?)
2.  Avoir en vue; considérer, envisager: Quel que soit l'état de notre gazon, cela ne regarde pas les voisins.
3.  Concerner, intéresser: Le prix de ces chaussures me regarde. La suite de l'affaire regarde maintenant mon banquier.
4.  Être placé, tourné dans telle direction: La maison regarde-t-elle le sud ? Peut-on regarder sur la boussole? (= est orientée). Regarder qqn, qqch d'un bon œil, les considérer avec bienveillance: Je regarde la perspective de vacances en Grèce d'un bon œil.


Regarder v.i.

Ce qu'il me dit
("Il" parle peu, mais il regarde beaucoup)

1.  Diriger son regard vers; observer: Regarde cette voiture magnifique !
2.  [à, vers].  Être orienté dans telle direction: Leur appartement regarde à l'est. Cela modifie les études énergétiques.


v.t. ind.
  [à].
Ce que nous nous disons

1. Être très attentif à qqch: J'ai regardé à notre confort avant d'acheter ce canapé. Les enfants, regardez bien à ne rien oublier dans vos cartables. Chérie, il faut regarder à la dépense, J'ai fait rapidement le ménage, il ne faut pas y regarder de trop près.

2. Y regarder à deux fois, bien réfléchir avant d'agir: Les enfants,la prochaine fois, vous y regarderez à deux fois avant d'essayer de nous faire croire que vos dents sont propres.


v.pr.
 se regarder. Est-ce que nous nous regardons encore? Et surtout, est-ce que nous nous voyons encore?

1.  Contempler sa propre image
2.  S'observer l'un l'autre

3.  Être situé l'un en face de l'autre – situation qui peut être aussi émouvante (partager un silence)  qu'absurdement terrible (si l'on se réveille un jour à côté d'un étranger)

               Avancer v.t. (du lat. ab ante, en avant)
Ce que je lui dit

1.  Porter, pousser en avant dans l'espace: Avancer le bras (= le tendre). Chéri avance-moi une bière.
2.  Faire en sorte qu'un événement ait lieu avant le moment, la date prévus: Ta mère a avancé son retour.
3.  Faire progresser qqch: J'ai bien avancé la perfection du lancer de ricochets sur les étangs gelés.
4.  Faire gagner du temps à qqn; lui être utile: Pourrais-tu changer la couche du bébé, ça m'avancerait. Avancer de l'argent : (financer ma nouvelle garde-robe). Avancer une idée, une hypothèse : (lui rappeler que j'ai plus d'un neurone). Avancer une montre, une pendule: (faire en sorte qu'il soit à l'heure.)

v.i.
Ce qu'il me dit :

1.  Aller vers l'avant: Avance, tu gênes la circulation.

2.  Faire des progrès, approcher du terme: Elle avance dans ses idées à reculons. La recherche du bijou parfait avance donc à grands pas

3.  Indiquer une heure plus tardive que l'heure réelle: Ta montre avance encore
4.  Faire saillie: Le porche avance de quelques mètres sur la façade, tu ne vois pas ça sur le plan? Vraiment? Et si tu mettais tes lunettes.
 

v.pr. s'avancer
 Ce que nous disons ensemble

1.  Se porter en avant, progresser: La trentaine s'est avancée sur nous à pas de loup.

2.  Émettre une hypothèse audacieuse; se hasarder à dire, à faire: Nous nous sommes avancés en disant que nous aurions une vie formidable. Nous n'avions pas tort.
3.  Prendre de l'avance dans la réalisation d'une tâche: A nos enfants : Avance-toi dans ton travail, nous pourrons jouer plus longtemps ensuite.

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Bing doesn’t know me as well as Google

1 juin 2009
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Let's give the toddler some time