Archive for janvier 2010

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La plage aux grains de café

28 janvier 2010
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Te souviens-tu de nos promenades sur la plage aux grains de cafés? Elle était plus isolée que les autres. Elle était moins mondaine, moins peuplée. L'atteindre était difficile. Le sable granuleux refusait de devenir fin et blanc, il collait en mosaïque à nos pieds, chaussures, ou sacs. Il semait ses couleurs salées dans nos affaires, exaspérant nos mères, nous exaspérant plus tard lorsque nous sommes revenues avec nos enfants. Eux aussi ont du se rincer dans une bassine tiède avant de gagner le droit d'entrer dans la maison. 

Il n'y avait pas vraiment de parking. Il n'y avait pas vraiment de route. Sur le flanc de la colline, attirée par le vertige de la falaise, le vent nous poussait vers la mer fracassant les rochers. A gauche, la sécurité de la terre et du roc. A droite, fougères et ronces surmontant le vide. Nous marchions doucement, notre pas sûr de précautions et d'adresse, notre corps n'oscillant jamais plus que nécessaire.

Depuis, ils ont bétonné. Ces agriculteurs tournés vers la terre, quelqu'un leur a démontré à force de chiffres que les plaisanciers ne se bornaient pas à encombrer leurs routes et effrayer leurs vaches. Les touristes dépensent de l'argent. Alors, aujourd'hui, je rejoins le sable de la plage aux grains de café en longeant la route. 

Le sentier que nous dégringolions existe encore, les jeunes s'y défient en riant. Heureusement pour moi aujourd'hui, une pente douce a  été aménagée et me permet de rejoindre ce sable jamais sec. Je me hisse sur un rocher, et je reste immobile. Je reste dans l'odeur du sel, dans le son des vagues. Souvent, les enfants de mes enfants ramassent des coquillages et les ramènent dans leurs chaussettes. Une fois rentrés, une fois rincés, ils feront des roudoudous, avec leurs mères. Ils caraméliseront le sucre, feront fondre du beurre, et rempliront leurs coquillages de ce mélange délicieux et brûlant. Ils les laisseront reposer sur le rebord de la fenêtre, attendant avec impatience de pouvoir y coller leur langue.

Sur la plage, les mères cherchent une autre sorte de coquillage. Nous aussi, nous sommes restées courbées dans le sable, fouillant le ressac à la recherche de grains de cafés. Ces coquillages minuscules, blancs striés de beige. Autour de nous, les pêcheurs du dimanche ramenaient des moules, des couteaux, des crevettes ou des coques. Nous étions peu à chercher ce coquillage, et nos récoltes étaient irrégulières : tant que nous en trouvions un, nous étions contentes. Nous ne parlions pas. Nous partagions ce silence coupé par le  chant du vent sur lequel s'harmonisaient les vagues et les mouettes. 

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En donnant la vie à nos enfants, nous leur donnons la mort. Il n'est rien qui puisse y changer, nous même sommes dans notre propre course contre la montre, nous gravissons notre chemin vers une seule issue, vers l'absence, l'invisibilité du monde des vivants. Les croyants voguent vers un "autre chose" de meilleur et de lumineux, ou, selon les âges, de parfois brûlant et terrifiant.

… En nous mettant à la vie, nos mères nous ont condamné à mort. Les seules choses qui nous survivent sont les marques que nous auront infligées au monde. La plage aux grains de café sera encore là longtemps après nous. 

Je ne crois pas être immortelle à travers mes enfants, je n'oserai leur faire porter ce fardeau terrible d'être la continuité d'une pesante famille, aussi lourde que l'aube de l'humanité. 

Mes enfants ont des racines qui plongent profondément jusqu'aux entrailles de la terre. Ils les connaissent, les explorent, mais sont libres de s'en éloigner. Ils sont libres d'être qui ils sont et non ce qu'il faudrait qu'ils soient.

Mes enfants font partie de la vie qui palpite sur la terre, ils sont le vent du renouveau qui nous balaiera sur le côté sans regrets. Si je parviens à les libérer de nous, si je parviens à leur permettre de suivre leur propre chemin, alors j'aurai peut-être réussi à les sauver.

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Poem

24 janvier 2010

She looks upon the wind,

Eyes closed.

Salt on her lips, 

Waves crashing,

To neverness,

Her arms reaching out.

Storms are beautiful,

Alive.

She feels its power

It's strength pushing her

The edge is near, 

Her feet move, she lost control.

Stop.

Crushed against a rock,

Granite. Cold, anchored,

Immovable.

She's safe.

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Trying the post.ly thingy with a special Zoulou performance (and flat notes) :)

22 janvier 2010

This post.ly stuff is probably someone’s birthday present

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relecture / proof-reading

18 janvier 2010
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Il fait froid dehors. La nuit est tombée, Deezer caresse mes oreilles avec un air jazzy et entraînant, qui me dit que Yes I can… 

A ce stade, j'ai surtout très très envie de faire un feu de joie.

It cold outside. Not a freezing cold falling on 10 new inches of snow like in some places I hold dear, but still.
At this point, the idea of a bond fire is very appealing… (I have back up) :)
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Vélo

15 janvier 2010

A ma droite, un vélo trekking Triban noir, avec fourche suspendue et un super guidon ("potence headset semi-relevés", rien que ça).

A ma gauche, un VTT Riverside mauve avec un système de changement de vitesse compréhensible.

Les deux ont 24 vitesses, gardes-boues, protège chaîne, porte bagage solide, béquille, et surtout, un éclairage dynamo. Grâce aux promos, ils sont au même prix.

Choisir entre les deux, c'est compliqué. En terme d'accessoire, tout y est. Oui, même en zigzagant comme un bolide en forêt tout en (sur)sautant sur des racines, Madame aime son confort, et surtout, Madame pense avec pragmatisme que si les accessoires sont intégrés dès le départ, les boulons tiendront plus longtemps que si elle s'y met toute seule.

J'ai du temps. 

Je prend le temps. D'essayer, de foncer entre les rayons du magasin, en accélérant, freinant, en changeant les vitesses. En tournant brusquement, en testant la lenteur aussi, en me provoquant des accidents (combien de temps pour mettre le pied par terre?). Un peu droite sur mon vélo, avec mon manteau trop long,  mon petit sac à dos et mon chapeau en feutre noir orné d'une sympathique fleur, mes essais ont sans doute constitués l'attraction de cet après-midi tranquille aux atmosphères de siestes voluptueuses. 

Au papa qui regardait tranquillement les skates-boards pour ses garçons, et qui a eu si peur en voyant "une dame" arriver sur lui, je présente toutes mes excuses. Je ne vous ai pas touché, cependant, vous évitant avec adresse et un sourire d'aplomb légèrement grisé par l'expérience.

La vendeuse me regarde, amusée, blasée, occupée. Elle aimerait bien que je prenne celui qu'elle a monté exprès pour moi, pour que je l'essaye. 

Il vous va bien ce vélo, il est fait pour vous…

Au final, ce sont eux qui ont choisi pour moi. L'un d'entre eux était trop petit. La selle à max, le guidon (pardon, la potence), relevé, j'étais perchée et pliée, avec une sensation de vertige que je ne tiens pas à trouver sur un vélo. 

Y pas la taille au-dessus? 

Et dans les autres magasins? 

Bon. Entre les deux, mon coeur balance, mais je vais prendre celui qui est parfaitement à ma taille. 

Depuis, je l'ai bien testé, en situation réelle, et je ne regrette pas mon choix.

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Thérapie

9 janvier 2010

Contrairement à toi, Alice est allée au bout de sa « thérapie ». Elle a fait le travail. Une fois par semaine, toutes les semaines, dans le bureau d’un psy. Elle a demandé à faire une psychothérapie « cognitive » : Connais-toi toi-même, connais ton histoire, serre le mord et avance.

 

Semaines après semaines, mois après mois, elle s’y astreint. Elle prend le métro, la ligne 3, jusqu’au bout. Elle descend à Levallois, marche un peu et arrive face à une lourde porte en bois dont la peinture verte s’écaille. Il y a un code, puis un interphone. L’entrée est lumineuse, elle voit des plantes dans l’arrière-cour mais ne s’en est jamais approchée. Elle prend l’escalier de droite et monte au premier.  Les marches aussi sont en bois, recouvertes d’un tapis sombre auquel elle n’a jamais prêté beaucoup d’attention. Elle regarde en l’air, vers le palier puis la poignée de la porte. 

 

Alice essaye d’arriver cinq minutes en avance. Pour avoir le temps de se poser. D’atterrir. En entrant dans la salle d’attente, déjà, elle se dépouille du monde extérieur. Au départ elle se défait d’un simple voile, d’un souffle inaudible lui permettant d’entrer dans la légèreté. Au fil du temps, les couches cèdent les unes aux autres, le travail se fait. Elle parle. Elle se tait. En face, une paire de lunettes hoche la tête. Opine. Pose des questions. Prend la parole parfois. Elle n’est pas toujours d’accord, elle argumente. De retour chez elle, elle réfléchit. 

 

Le plus gros des progrès se font chez elle.

 

Mois après mois, année après années, Alice se défait de toi, de vous, de votre histoire et de celle d’avant, de ton histoire avec ta mère et de celle de ta mère avec la sienne. Elle se défait de vous et se réconcilie avec elle-même.

 

Elle est forte, ta fille. Elle suit son chemin et accepte qu’une partie n’en soit pas tracée par elle-même. Elle avance. C’est difficile, parfois, de ne pas lui en vouloir.

 

Un jour, elle ne s’installe pas. Elle garde son manteau, son sac sur ses genoux, les mains sereines. Elle est calme, détendue. 

 

Voilà, je ne viendrai pas la semaine prochaine. Cela fait trois ans que vous occupez mon mardi soir, avant, pendant, après, maintenant c’est terminé. Il ne s’est rien passé de particulier, mais je sais. Je reviendrai peut-être vous voir. Je ne dis pas que je vais y arriver toute seule. Mais je crois que c’est bon, je peux marcher sans canne. 

 

Le visage en face d’elle enlève ses lunettes et sourit. 

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Entre les deux, mon coeur balance…

4 janvier 2010

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J’aurai aimé qu’il balance entre deux jobs, mais le choix reste quand même important… :)

Dur dur de choisir!