
Confession
8 avril 2011
Parfois on découvre un auteur, un livre, qui nous illumine le temps des mots. La vie continue à s'étirer, le livre est mis de côté tout en restant dans une parcelle de nous, comme une pierre précieuse nichée dans un écrin que l'on sait à l'abri au fond d'un tiroir.
Un jour on le ressort, on pense à quelqu'un à qui peut-être l'offrir, on pense à l'éclat de soleil qui nous manque. Les pages sont identiques, les mots fidèles et pourtant à nouveau ce sourire, ce plaisir, ce choc aussi, de voir à quel point, niché au fond d'un tiroir, un seul livre a pu influencer aussi profondément ses propres choix d'encre, et cette orientation, aussi, vers la seconde personne du singulier…
J'ai arrêté d'écrire à cause de toi, Christian Bobin, il y a longtemps, un jour, découragée par le chemin à parcourir sans savoir si ma lumière pourrait naître les mots aussi bien que la tienne. J'ai mis du temps à te relire, j'ai du recommencer à écrire d'abord, retrouver l'amour, le plaisir, la joie de mes propres lettres. J'ai du t'oublier pour avancer, me dépouiller de mes craintes et oser mes émotions… Pouvoir à nouveau savourer sereinement tes pages fut une récompense tranquille quasi inaperçue, dans l'acceptation de ton influence, encore présente en moi.
Je n'écris pas comme toi, (je ne suis pas publiée), j'écris comme moi et j'aime ça. Aujourd'hui je ressors "La Plus Que Vive" de son isolement, en acceptant le chemin parcouru et en osant vouloir aller plus loin encore.
"Si je ne disposais que de deux mots pour te dire, je prendrais ces deux-là : "Déchirée et radieuse". Si je ne disposais plus que d'un seul, je garderais celui-là qui contient les deux autres : "aimante". C'est un mot que tu portes à merveille, comme ces foulards de soie bleue autour de ton cou, ou ce rire dans tes yeux lorsqu'on voulait te blesser.
Il y a chez toi, disséminée dans ta vie, dans tes gestes, tes silences, tes rires, une pensée ininterrompue, profonde, grave. Jusqu'au dernier jour tu es en proie à une question dont tu cherches la réponse."
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