
Flots
10 octobre 2012J’ai vu le ciel se renverser autour de ma tête et l’eau noire précipiter sur moi ses profondeurs glacées, j’ai embarqué un frêle esquif et bravé les eaux, mon regard plongé dans l’horizon mouvant au gré des courants et des bourrasques.
Mon équipière accrochée à la barre, j’ai viré de bord et empanné, tirant la voile au près du vent, les yeux rivés sur les penons et les doigts crispés sur l’écoute en doublon des taquets. Ses yeux à elle tenaient le cap, il n’y a jamais de chemin droit en mer, la route la plus sûre reste invisible, incertaine, et surprenante de détours aux savants calculs.
Nous avons volé sur les flots, la carène osant à peine s’ancrer à l’eau, nous avons souri aux nuages immenses percés de lumière, à ces ombres éblouissantes et basses nous rappelant à la fragilité de nos existences. Assises et trempées de pluie, puis debout en trapèze, le corps entre ciel et terre, pieds sur la coque et culs frôlant l’eau sombre bordée d’écume, nous avons joué avec l’apesanteur, à l’écoute de chaque frémissement et prête à réagir, lâcher ou retenir, glisser de bâbord à tribord en se plaquant au trampoline.
Il y avait une extase exutoire, et une contemplation partagée aussi, chocolat en main et les sens en vigilance du vent de terre irrégulier. Il y avait l’acceptation que les certitudes n’existent pas, que la vie va trop vite et qu’ici le temps s’arrête. L’air revient aux poumons, les questions disparaissent, le cœur s’apaise.
Faisant fit de mes peurs, je suis allée au devant de toi, Océan.
Image de Sylvain Lagarde http://mnemospection.com/blog/index134f.html
[…] la fenêtre, un souhait voilant à peine le feu du jour naissant. Un vent en appel, une envie de pieds nus sur l’herbe fraîche et mouillée, de pas légers en danse vers […]