Ses yeux larmoient de la veille. Non de chagrin mais de fatigue, des heures manquantes dont le déficit vertigent sa tête. Un peu trop d’alcool aussi sans doute, quand la nuit s’enfonce et qu’il faudrait partir, quand rien ne l’attend qui soit suffisant, comme les autres il est resté trop longtemps.
A son arrivée la maisonnée dormait. Il repart avant qu’elle ne s’éveille. Seul indice de son passage, un verre d’eau, sa serviette humide et sa brosse à dents déplacée, ses vêtements dans le bac, un changement de chaussures.
Il ne sait quand cette solitude a commencé, s’il l’a installée en reproduction du passé ou si elle s’est imposée malgré lui.
Elle lui est familière, trop, il ne sait comment bouger les lignes, avancer autrement.
Dans le train du matin, il pose son front de face contre la vitre et laisse les vibrations percer le crâne. Le paysage flou de brouillard s’enfuit, ses yeux se ferment.