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Extraits contrastés

1 mai 2011

Elle a des cheveux bouclés blonds vénitiens qui viennent taquiner l'épaule gauche de son compagnon, là où elle a niché sa tête. Elle est un peu en travers sur leur oasis improvisé dans leur jardin, un sourire flotte et illumine son teint délicat. Couvertures et coussins gisent ça et là, ils dorment paisiblement à l'ombre d'un saule dont les branches pleurent jusqu'à eux. Lui est sur le dos, la respiration tranquille, les cheveux noirs tranchant avec sa peau pâle et cernée, son bras gauche recevant le corps de sa mie et revenant sur son ventre. Mains ouvertes, doigts enlacés aux siens. A côté d'eux des pas furetant silencieusement. Vingts euros pris dans un portefeuille, trente dans l'autre, les téléphones disparus mais les cartes SIM en évidence sur la table. Une hésitation devant quelques bracelets nonchalamment posés sur une desserte, finalement un glissé dans sa besace. Il les regarde avant de partir, ils sont beaux, innocents, il saisi leur appareil photo et prend un cliché d'eux unis dans leur vulnérabilité, il repose l'appareil et s'en va dans un autre jardin tenter le sort et remplir ses poches.

* * *

Le vin tourne dans son verre et envoie son reflet rouge sur sa peau… Elle lève les yeux, sourit, s'illumine d'une plaisanterie. Sa conversation est légère, sa cuisine excellente, ses gestes sont mesurés. Parfois elle éclate de rire, déployant sa gorge en arrière vivement et sans calcul. Le dîner bat son plein, les convives sont charmés, conquis, ils se disent que Georges son mari à bien de la chance, qu'ils ont l'air heureux tous les deux. Personne ne remarque ses manches un peu trop longue par cette chaleur, les ombres sous ses yeux couverts de fond de teint. Parfois Georges frôle sa main, son bras, dans un geste à l'apparence tendre et amoureuse… J'ai l'impression d'être la seule à voir le tressaillement de son corps, la panique dans ses yeux. J'ai glissé les clés de mon appartement Breton dans son sac, un billet aller simple, quelques euros. Je vais vous laisser, bonsoir, merci pour cette soirée… J'espère qu'aucun orage ne viendra troubler l'après-fête et qu'elle pourra partir.

* * *

Ses paupières sont closes, elle reste en boule sous les draps métisses frais et rugueux. Le jour peine à percer les rideaux, le sommeil tarde à la quitter. Elle entend sa maison se vider de ses bruits, la voiture dehors qui démarre, enfin, elle se déplie, jambes et bras loin d'elle, et savoure le calme voluptueux de sa solitude.

* * *

Parfois elle pleure sans savoir pourquoi, la fatigue, un film triste, un dessert raté ou quelque chose d'indéfinissable qui l'imprègne et qui doit sortir. Les larmes coulent et avec elles l'amertume, elle se laisse aller sachant qu'ensuite un manteau paisible viendra la recouvrir de légèreté.

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