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Réveil

6 juin 2016

Les saisons se sont tues, les nuits effacées, les jours si longs et indissociables, 32 mois qui ressemblent à 32 heures et forment un tout en grisaille d’ennui et souffrance.

Irradiée, vidée, elle a lutté pour l’essentiel qui n’était pas elle.

Il a suffit d’un homme, il suffit de si peu pour se fondre en sa mort, pour retrouver sa vie, on ne sait jamais, les traces qu’on laisse derrière soi, les marques de lumière offertes et les cicatrices infligées d’ombres … on ne sait rien, on ne connaît que celles que l’on reçoit, que l’on subit.

Un homme pour mourir et un autre pour renaître. Et un autre, entre, qui n’aura rien vu, ce témoin dont on se défait pour avancer, l’aveugle dont on se dépouille et qu’on quitte pour fuir le premier et enfin rejoindre le second.

Jours après jours après jours après jours après jours après jours après jours après jours après jours après jours déjouer les tours, quitter le jeu, jours après jours se lever et s’apprêter, franchir la distance, sortir son badge, pousser les portes et les limites, allumer son ordinateur et foncer vers l’enfer, seule, les larmes invisibles accrochée en vertige à la photocopieuses, les pleurs silencieux enfermée dans les toilettes, sanglots et cris inaudibles, poing serrés, tête baissée, ongles en chair et il faut tenir, jours après jours, la boite mail qu’on appréhende en empilement de haine subtile et enrobée de sucre, jours après jours, les mots acérés qui tombent en flèches à trancher l’âme, jours après jours tenir en résilience et ignorer pourquoi, enfouir sa tristesse pour n’offrir que lumière aux siens, lutter pour l’essentiel qui n’est pas elle mais qui vient d’elle, aimer ses enfants et leur donner la part ténue qui brille encore en elle. Jours après jours se dire que ce n’est pas possible, qu’il faut survivre et accepter le prix de son indépendance, perdre ses propres batailles et accepter de se voir disparaître, accepter de voir son encre s’effacer, la joie d’écrire, de créer et de donner vie aux songes, se résigner à perdre le bonheur simple de renverser son visage en accueil du vent, de la pluie, du soleil, cet apaisement simple qu’on trouve à exister, se forcer à rire pour ne pas oublier les cascades et les chants possibles, jours après jours accepter de mourir.

Jours après jours laisser un autre décider pour soi. Constater que ses mots lui ont été volés, qu’elle est muette d’infantilisation, qu’elle s’éteint et doit subir et attendre car elle n’a su se créer d’autre voie. Mois après mois compter, additionner les possibilités d’indépendance, et enfin, s’affranchir.

Se demander s’il n’est pas trop tard, dans ce monde gris où même le plus pur des blancs est éblouissance… Oser les miracles et miser sur la vie… elle lance ses dés et défie les ombres, elle décide. Elle ose dire « Je ».

Désormais : plus jamais.

Petit à petit, réapprendre à marcher et à penser, irradié, vidée, après avoir fuit l’un et quitté l’autre, parfois en désespoir de jamais se retrouver, petit à petit accepter qu’on puisse l’aimer, l’accompagner, accepter que des bras se tendent pour la rattraper, se fondre dans des yeux verts et respirer, enfin. A retrouver la couleur et le sens des choses, elle se fond dans la chaleur si douce de l’arrière du cou de ses enfants, juste en dessous de la nuque, là où ils sentent encore l’innocence de leur enfance, l’insouciance des anges qui se savent aimés no matter what.

Elle tend la main, qu’il soit à ses côtés ou pas, car à travers le temps elle le sait près d’elle, tout de suite et tout le temps. Il n’y a rien de raisonnable, d’explicable à la reconnaissance aussi parfaite de deux âmes qui se seront sauvées l’une l’autre, et qui en se donnant tout auront tout reçu.

Il reste tant à parcourir. Dans le désert une pluie timide ose rêver de bourrasques et quelques poussent se laissent fleurir. Il aura fallu 12 mois aux 32 pour que l’encre s’appaise et revienne à elle.

Elle est debout, ancrée au sol et face aux vents, devant elle s’étirent les chemins et les espoirs possibles. Elle est en puissance d’elle-même, elle est aimée et elle aime.

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Sous la lumière de l’ombre

1 février 2015

C’est un soir parmi d’autres.

Dans la routine des jours, elle a oublié.

Dans l’absence. L’inexistence d’une présence.

Assise, les mains à plat sur la table cirée en bois sombre. La nuit percée par la lampe au-dessus d’elle qui ne suffit pas à éclairer toute la pièce.

Elle respire.

Les yeux fermés, tendue vers le vide, un sourire.

Entre l’avenir et elle, un ravin. Elle s’est posée à la limite, regardant de l’autre côté, sans savoir encore quand exactement ni comment elle atteindra l’autre bord.

En face, un champ de fleurs possibles, la mer chargée de vents, une fenêtre ouverte sur un jardin en friche, des vêtements épars sur le sol, les rires des enfants portés par la brise, du linge sur un fil derrière la maison, l’odeur du romarin se dégageant du four ronronnant à l’aube de repas animés.

Elle inspire, bloque, expire en ouvrant les yeux sur la solitude de sa cuisine.

Le silence l’accompagne en sortie de rêverie.

Il fait un peu froid, dans cette nuit à l’ombre compromise par la lune pleine surplombant quelques nuages qui n’oseraient la cacher. Dehors, rien ne bouge. L’immobilité des choses n’est troublée que par quelques résonnances, une voiture en retard, un grincement de porte, quelques chats entrechoquant des poubelles.

La solitude est une présence familière et, singulièrement, elle ne se sent jamais seule. Une âme bat, non loin d’ici et pourtant en arrachement de distance. Un cœur, une âme, un regard.

Des cœurs, des âmes, des regards.

Sa vie est pleine.

Ils sont là.

Elle ne sait pourquoi. D’autres âmes se sont attachées à elle. Des amitiés inattendues, des partages en dons désintéressés, des lumières qui se trouvent et se renforcent. Elle se sent humble et bénie, malgré sa laïcité elle ne trouve pas d’autre terme, elle sent une force bienveillante veillant sur elle, elle pense à toutes les femmes dont elle descend et les imagine unies et bienveillantes, penchée sur la terre et veillant sur les leurs. Elle envisage la vie au féminin malgré toutes les indignités dont ses sœurs saignent et meurent.

Le temps passe. La table est encore là, la cuisine autour d’elle survivant à la lumière vacillante, puis au-delà un couloir donnant sur un salon, une entrée, deux chambres et un bureau et une salle de bain, enfin. Son appartement est en enfilade, en élongation étroite et alambiquée et pourtant, elle l’aime.

Elle pourrait rester longtemps, ainsi, immobile et voyageant de par ses songes, bravant la fatigue et les réalités à venir. Aujourd’hui est une bulle de savon, aujourd’hui, on peut encore éviter de penser à hier et reporter le réveil des choses à demain.

Les choses à venir ne s’effacent pas, elles attendent patiemment, il est dans l’ordre établi qu’elles existent un jour et elles le savent et plutôt que de caracoler, elles trouvent leur portion d’ombre constante jusqu’à ce que la lumière soit.

Les mains, à plat sur le bois de la table, les pieds au bords de l’abime, le cœur en résonnance d’un univers ressentis et non appréhendé, elle n’est armée que de sa lumière, de sa certitude de l’à venir, des joies et des larmes souhaitées et attendues…

Jeune, elle s’était dit jamais moi, jamais ces cernes, ces compromis, jamais cette tristesse voilant la joie du jour, elle s’était jurée d’être aveugle plutôt que de pleurer. Aujourd’hui, elle sait, que les larmes peuvent jaillir du bonheur indicible de l’invisible silence d’une lumière si douce et intense, d’une certitude si entière et indiscutable, d’une ancre lancée dans un port permettant de se poser, une heure, un jour, une éternité, c’est à elle de voir.

Aujourd’hui, elle sait.

Il n’est jamais trop tard. Tant qu’un cœur bat. Tout est possible.

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28 février 2013

Il aimait la regarder de dos. Habillée ou nue, il aimait suivre la lumière le long de sa colonne vertébrale, ou en deviner la cambrure. S’agripper à ses hanches et promener ses mains, imaginer des chemins sous sa robe assez tenue pour dessiner ses formes, assez ample pour rêver.

* * *

Elle aimerait que la notion de vertige s’efface, comme si l’on pouvait supprimer ce mot du dictionnaire, prétendre qu’il n’existe pas. Comme si le monde n’était constitué que d’ancres solides et immuables et que le changement n’y avait de place. Elle se penche, en avant, vers sa vie, et attend l’instant inévitable où le passé la retiendra. Il faudrait pouvoir tirer sur les cordes, distordre les liens, se défaire de ces pesants fantômes pour s’envoler, libre, enfin.
* * *
La peinture s’écaillait en larges pans, le bordeaux s’oubliant en brun tirant au gris sale de poussière. Les fuites se rappelaient aux mémoires grâce à leurs traces glissant le mur, et on devinait le jour par delà les fenêtres opaques de crasses. Des années de négligences avaient passées, les lieux s’étaient enfoncés dans la tristesse de l’oubli.

* * *

Il avançait à petits pas sur le trottoir, évitant avec soin les bacs de fleurs et autres obstacles. Le soleil peinait derrière les nuages. Ses rayons contrariés par le vent oubliaient la chaleur, dardant son dos de frissons en fin de jour.

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Extraits lumineux en joie

18 mars 2012

Elle offre un visage radieux sur la scène. La lumière tombe sur elle et l’enveloppe, s’imprègne de sa douceur et s’élance sur sa voix profonde pour se poser, enfin, au creux de l’âme des spectateurs. C’est un instant unique, qui se figera dans l’esprit d’Hélène, comme une source de joie tranquille au sein de laquelle puiser lors d’instants de vie plus sombres.

* * *

Elle se glisse contre lui en silence sous les draps, se niche contre sa chaleur et s’endort, un bras enroulé autour de lui et le souffle paisible.

* * *

Elle essaie d’occulter la lumière qui coule, ce grand aveuglement des sens tant l’intensité de l’émerveillement est fort. Il serait plus facile de rester la porte fermée, de décider de rester prostrée sur une existence simple et dénudée de sens. Vivre, réellement, intensément, c’est difficile.

* * *

Sophie se sent légère comme une bulle qui s’élèverait dans les airs. Bras repliés autour de ses genoux, elle admire le vent sur l’herbe verte encore mouillée alors que le soleil sort timidement de derrière les nuages. Ses poumons enflent d’une paisible tranquillité, son visage se tourne vers l’avant, les yeux ouverts et heureux. Comme la fin d’un orage, une page est tournée et elle avancera, certainement. Mais pour l’instant, l’immobilité de ce paysage lui suffit tandis qu’en elle un chant rayonne.

* * *

Fathia pouffe sous la table. Autour d’elle les plis de tissus ondulent jusqu’au sol, c’est à peine si elle devine les ombres courant à pas de loup autour de la pièce. A côté, les adultes dansent, chantent, se perdent dans un brouhaha de fête. Il ne faut surtout pas se faire prendre. Elle se roule en boule, immobile, ses cheveux frisés tapissent le sol alors que ses yeux tentent de deviner l’extérieur par la fente entre le tissus et le parquet. C’est une partie de cache-cache. Celui qui s’y colle arrive enfin vers elle et soulève la nappe, le cri rieur et les mots triomphants : A ton tour!

 

 

 

Ces paragraphes sont issus de ma contrainte quotidienne sur le blog du Convoi des Glossolales. Je vous invite à y découvrir de talentueux auteurs.

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extraits irrémédiables

2 mars 2012

Cette journée est passée si vite, Sophie regarde par-dessus son épaule sans comprendre. Ce matin elle cirait ses chaussures blanches avec application, dans la joie et l’angoisse des moments à venir. Et ce soir, elle arrache les épingles de son chignon avec frénésie, n’ayant d’autre hâte que de trouver un sommeil réparateur. On l’avait prévenue… Le jour de son mariage, tout le monde en profite. La mariée, elle, doit attendre d’avoir les photos de l’événement pour comprendre ce qu’il s’est passé.

* * *

Ce soudain silence dans sa vie la déconcerte. L’apaisement attendu se refuse à elle, les sens en alerte elle ne comprend pas. Elle se souvient de la cohue, du bruit, de l’énervement agacé qui devenait le sien, et pourtant aujourd’hui elle sombre dans le vertige assourdissant de l’inexistant. Il n’y a plus de cris, de portes qui claquent, plus de disputes, ce néant la glace elle ne parvient à s’y faire. Doucement, elle réapprend le manque.

 

 

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extraits de silence

20 février 2012

 

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Du haut de son mur, elle balance les jambes et pose son souffle dans l’horizon. Le soleil est avalé peu à peu tandis que le ciel s’empourpre, des cris joyeux s’envolent à travers les jardins jusqu’au creux de son oreille. Elle est assise, elle regarde une orange à la bouche, ses pieds martèlent le ciment en un rythme paisible.

 * * *

Francis a besoin d’être dans un silence de mots. Il faudrait qu’ils cessent d’exister, de tourner dans sa tête, de se heurter aux murs de ses contraintes et de sa fuite en avant… Francis aimerait goûter au luxe du rien, que son esprit se vide et devienne ignorant des autres, du monde, de ce brouhaha persistant qui envahit jusqu’à ses rêves. Seulement voilà, tuer les mots, c’est impossible… Alors Francis écrit. Il tire chaque lettre et phrase hors de lui, patiemment vaillamment, Francis écrit des romans en fleuve d’encre et ainsi petit à petit le calme peut revenir. C’est un équilibre précaire, chaque jour doit comporter une phase d’écriture par laquelle le bruit s’installe sur ses pages et permet au vent du rien de jouer contre les parois de son cerveau.

 * * *

Les mots se refusent à elle. Le sens des choses, ce qu’elle aimerait dire. À la place, d’autres mots, ceux des autres, se suivent en un chemin sur lequel le elle avance à contre cœur. Un jour, elle aura la courage de briser son silence, de lever les pieds de ces marques imposées pour enfin être. Elle-même, enfin.

 * * *

Elle se réveille d’un long sommeil. Ses yeux interrogateurs ne questionnent plus, elle sait. Sophie repousse ses lourdes boucles blondes et avance loin du passé. Derrière elle, des draps de lavandes et des jours blancs. Devant elle, l’inconnu et c’est bien : Sophie sourie, enfin, et marche droit devant elle.

Ces paragraphes sont issus de ma contrainte quotidienne sur le blog du

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Extraits un peu paumés

4 septembre 2011
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Le soleil se reflète dans une flaque au creux d’un rocher et l’aveugle un peu. Sophie est accroupie pieds nus dans le sable, ses cheveux sont emmêlés de sable et de sel et de petites algues aussi qui s’y sont nichées lors d’une baignade. Elle est penchée sur cette mare naturelle qui héberge des coquillages et des crevettes, ainsi que de minuscules poissons dont elle ne connait pas le nom. Le vent s’amuse à recréer des vaguelettes et elle se sent la chair de poule. Sophie n’a pas bu depuis hier soir. Elle fiche parfois ses ongles dans ses paumes en mordant ses lèvres salées, elle respire lentement le temps que l’envie passe. Sur cette plage illuminée d’un soleil glacé par le large, Sophie réapprend le manque…

* * *

Dans son cœur s’égrainent des notes sombres et lente cherchant la lumière. Elle s’inquiète de leur résonance faisant jusqu’à vibrer son âme, et du silence ensuite conduisant jusqu’aux larmes. Dans ses yeux, des gouttes de pluies et l’espoir d’un vent soudain, qui grâce à ses bourrasques ramènerait le calme. Dans ses mains le vide des armes, de l’attente et du rien.

* * *

Lentement, au fil des jours, des choix se font, des chemins se forment. Arnaud se sent comme un tricot dont on aurait mal compté les mailles, un peu trop étriqué là ou grand ici. Il oriente sa vie tant bien que vaille de contraintes en obligations, ne sachant comment sortir du désir des autres pour oser les siens.

* * *

Sa mère cache toujours une clé sous une tuile rouge fendue. Cachée derrière un bac à fleur le long du mur de la maison, elle est une garantie pour Agnès qu’une porte lui sera toujours ouverte. Ce soir elle roule trop vite sur l’autoroute, laissant Paris derrière elle et vibrante de l’attente de la possibilité d’un apaisement que lui offrirait cette maison.

 

 

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Extraits sereins

28 août 2011

Ce jour-là, le vent caressait l'herbe en la faisant onduler et cela créait des chemins mouvant que nous regardions avec plaisir. C'était la clé de tout, cette capacité que nous avions à trouver bonheur de choses simples et paisibles. Parfois encore, tu y repenses en souriant, il suffit d'une brise sur ta peau et tout à coup le monde est plus serein.

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Au troisième étage, Gizelle joue de la clarinette. La fille de la voisine est assise par terre et crayonne un dessin de princesses et de fleurs. Gizelle regarde son front penché avec concentration, ses cheveux blonds qui tombent en un rideau enchevêtré et elle se dit qu'elle aimerait bien avoir un enfant à elle… Elle s'arrête de jouer, la petite lève les yeux et attend. Gizelle sourit, et reprend.

* * *

Elle ferme les yeux et inspire infiniment, cette goulée d'air sans début ni fin lui offre un répit entre les désirs des uns et les besoins des autres. Sa poitrine se soulève, lentement, les yeux fermés, les lèvres entre-ouvertes. Elle bloque, le temps se fige, puis elle exale en prenant son temps et en savourant le calme de l'après, un peu comme un orgasme solitaire en lenteur intense présageant d'un sommeil réparateur et égoïste.

* * *

La vie est un long chemin vers soi. Certains se trouvent plus vite que d'autres, ils peuvent ainsi avancer vers nous et nous tendre la main dans notre progression balbutiante.

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Elle s'offre une journée. Ses collègues la pensent avec les siens, et les siens au bureau. Pas de comptes à rendre, pas d'emploi du temps, elle dispose de ce luxe rare de n'avoir rien de prévu. Ce soir elle soufflera ses bougies et ouvrira ses cadeaux, elle suivra la tradition familiale d'entendre une anecdote par année vécue et de boire son schnapps cul sec. En attendant elle savoure le calme d'une terrasse et boit son café brulant à petites gorgées. Plus tard elle reposera son corps dans la chaleur humide d'un hamman avant d'aller se promener dans des jardins de roses, l'âme tranquille, le cœur au repos.

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Extraits courts en mode vacances

11 août 2011
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Ils ont les yeux plein de soleil, les oreilles remplies de vent, le sourire au goût de sel et les cheveux ensablés. Après une journée en pleine mer, la tribu remonte la grève en riant. Les gestes sont fatigués mais heureux.

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Elle s'allonge enfin sur des coussins, enlève ses sandalettes et dénoue ses cheveux. La journée derrière elle s'efface peu à peu alors que le jour disparait et laisse place au vent frais de la nuit.

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Pour que Rosalie cesse de s'ignorer, il faudrait qu'un regard bienveillant se porte sur elle et lui donne existence. 

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La nuit s'est installée avant qu'elle ne se rende compte de l'épuisement du jour.

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Tu trouvais un réconfort à sentir le vent claquer contre ton visage, emmêlant tes cheveux dans le crachin permanent et faisant pleurer tes yeux de fatigue et de froid.

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Des grains de sables se posent sur sa fatigue. A 75 ans, Jeanne s'est allongée sur la plage et regarde la mer vagabonder. Elle a enfin retiré son manteau de culpabilité, sa journée s'est centrée sur elle-même et rien d'autre. Elle sent le poids des ans partir avec le reflux de l'eau. Un sourire aux lèvres, elle attend quelques moments encore, avant de se lever vers le reste de sa vie.

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Elle lève les yeux jusqu'aux étoiles et secoue ses peines de la journée pour emporter ses rires jusqu'aux songes.

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Elle goûte la soupe au bout de la cuillère, se brûle un peu la langue et crie en riant et en pleurant un peu alors que sa mère lui sert un verre d'eau.

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Le rideau en mousseline se soulevait au grès du vent, laissant l'air s'engouffrer joyeusement jusqu'à leurs corps repus et apaisés de sommeil.

 

 

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Extraits en tranches de vie

1 août 2011

Hélène trace des dessins à l'eau sur la table du café. Tous les dimanches matins, sa fourchette croise, décroise, ondule et rondule sur la surface noire. Le liquide transparent trace des sillons qui s'affinent avec la distance. Son geste rappelle les cours de dessins au collège et  les exercices à la plume, qu'il fallait recharger d'encre noire si régulièrement. Hélène a une peau de pêche, une chevelure claire aussi ondulée que fournie. Parfois, son regard se tourne vers la vitre à  la rencontre de la lumière, à la recherche d'un appel qu'elle aurait entendu. Elle n'attend rien, elle est. Je pourrais lui parler mais je la regarde en jetant des miettes de pains sur son œuvre. Elle peste un peu, me sourit. Nous commençons cette journée dans la tranquillité de son petit-déjeuner, et moi en face d'elle avec un simple café noir. Nous savourons ces instants, elle dans le silence, et moi dans la contemplation. Ensuite nos vies reprennent leurs cours, leurs courses, leurs fatigues parsemées de petites et grandes joies, et de tristesses aussi. Nous savons que nous nous retrouverons ainsi le dimanche suivant, et cet instant nous porte jusqu'au prochain.

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Ce soudain silence dans sa vie la déconcerte. L'apaisement attendu se refuse à elle, les sens en alerte elle ne comprend pas. Elle se souvient de la cohue, du bruit, de l'énervement agacé qui devenait le sien, et pourtant aujourd'hui elle sombre dans le vertige assourdissant de l'inexistant. Il n'y a plus de cris, de portes qui claquent, plus de disputes, ce néant la glace elle ne parvient à s'y faire. Doucement, elle réapprend le manque.

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Elle veille sur le sommeil des siens comme une louve. A pas discrets, ses rondes de lits en lits remontent les couvertures, ramassent les doudous et apaisent l’agitation des monstres menaçant la tranquillité des songes. Trois chambres à visiter, trois lits blancs vernis avec soin et bordés de coton sous des plumes légères et chaudes. Enfin, au cœur de la nuit elle ira reposer aussi jusqu'à l'aube. Elle n'est pas gourmande en sommeil. Son réveil sera immédiat au son de petits pieds nus en cavalcades sur le carrelage glacé de leur cuisine, d'orteils en manque de chaussettes et de doigts à peine sortis des rêves qui se refermeront sur des bols de chocolat au lait fumant. Les rires fuseront au-dessus de la table, des rires frais et reposés et présageant d'une journée de vacances sereine. Elle aime les regarder dormir, retrouver l'innocence d'une enfance en confiance et en abandon, elle aime savourer la tranquillité de la nuit en attentant le bonheur de demain.

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Les pieds ancré au sol il reste impassible sous le soleil. A côté de lui une petite fille virevolte le rire au vent. Ils sont là depuis des heures, ils attendent. Dans la cohue du jour, ils veulent saisir un instant fugitif de dentelle et de blanc, un regard entre deux êtres, la promesse d'un rêve avant de retourner à leur quotidien.

 

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