
Spirale en attente immobile
3 avril 2013La lumière filtre vers la cour intérieure en pierre. On la devine à peine, c’est tout juste si elle s’annonce en buttant contre les pavés, glissant le long des murs au crépis d’un blanc passé. Elle s’allonge jusque dans la cage d’escalier pour s’arrêter à ses pieds. Plus haut, des fenêtres offrent des entrées supplémentaires au début du jour. La nuit résiste encore, quelques étoiles pâlissent malgré elles et pendant quelques minutes la lune se confond à l’aurore hésitante.
Une brise inaudible joue contre un battant de porte.
L’escalier est large et tournant. De ses marches blanchies partent des barreaux sombres soutenant une rampe au verni écaillé.
Il s’enroule, se perd dans l’obscurité qui confond le regard, et seuls les quelques carrés de fenêtres en enfilade montante ponctuent sa profondeur jusqu’au plafond.
Il faut compter quinze marches seulement pour les rencontrer. Deux chaussons sombres et une robe de chambre grise taillée dans une serviette de bain. Les coutures à la main sont d’autant plus visibles que la couleur du fil est inégale. Du noir on passe au bleu marine puis au marron foncé. Cette robe informe recouvre tout sauf la pointe des chaussons, et l’enfant entoure de ses bras ses genoux, sur lesquels repose son visage aux yeux songeurs.
Des yeux gris, fixe, un peu trop grands, au regard droit comme deux miroirs désarmants. Quelques mèches de cheveux ni blond ni brun mais d’une teinte en entre deux s’éparpillent autour du front, des oreilles, dans le dos, jusqu’au devant de la robe de chambre.
L’enfant ne bouge pas. Elle attend.
Dans la cour rien ne bouge non plus, ou presque.
[…] Une brise inaudible joue contre un battant de porte. Un soupir penche son corps. Aujourd’hui, le passé ne la retiendra pas. L’été résonne par delà le vent dans la fenêtre qui se faufile entre les voiles pour se perdre sur les murs. Les fleurs bruissent en murmures. Doucement. […]