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Seule, elle touche le vent

26 mars 2020

Par la fenêtre, elle touche le vent. La rue vide résonne de silence, de lumière. Pieds et fesses sur son assise, les bras autour des genoux, la tête penchée vers le haut et reposant contre la vitre de sa fenêtre ouverte.

Il faut chercher en étirant les yeux, un coin de ciel bleu vers lequel se perdre.

Il est six heure du matin, le monde immobile dort encore. En bas les trottoirs abandonnés, les fenêtres des immeubles désespérément désertées. L’humanité terrée… Chaque bruit rassure et étonne, interroge et met en alerte. Seuls, les uns entassés sur les autres à une distance nécessaire des autres.

En opposition à son corps enfermé dans ses maigres mètres carrés, son esprit se libère et s’évade.

L’odeur de l’herbe juste coupée, sa fraicheur un peu piquante sous les pieds. Les reflets sur l’eau et les péniches du canal admirées lors des ballades dominicales. L’odeurs des gaufres sucrées disponibles au coin de la rue… les conversations simples et spontanées dans l’ascenseur. Il faut se souvenir, faire l’exercice mental d’une normalité temporairement oubliée.

Elle se raccroche au bleu au-dessus d’elle et inspire… tant que tu respires, que tes poumons se gonflent et s’enivrent, que tu ne tousses pas et que les migraines restent invisibles et les allergies au loin, tant que les symptômes s’effacent, goût, odorat, alors tout va bien, je vais bien, on va tous s’en sortir, mentalement je rembobine, la dernière poignée de porte touchée, les boutons dans l’ascenseur, les lavages de mains et les désinfections au gel hydromachin, ai-je salué mon voisin d’assez loin… il faut décompter ses malades dont les noms s’empilent et encombrent son téléphone, valider le nombre de jours entre nous, la période d’incubation c’est combien déjà, la maladie dans la solitude, ça se gère comment?

Sur les réseaux il y a ceux qui s’affolent, ceux dont les memes prennent tout l’espace et ceux qui ne répondent plus, dont on ne sait s’ils restent pudiquement dans l’ombre ou si leur voix plus jamais ne s’élèveront. Son téléphone reste son dernier lien social, il la relie au monde comme un cordon ombilical oscillant entre réconfort et névrose, rompant la nuit, épuisant le jour, il faudrait le poser peut-être, retrouver l’instant et oser accepter l’attente.

Il faut gérer ses placards, « rationaliser les ressources » pour « optimiser ses sorties ». Entre courses virtuelles ou IRL l’obsession est la même, le risque de contamination par la boite de lentille devient une menace omniprésente, le contact avec l’autre est passé de convivial à dangereux, je reste loin de toi, tu restes loin de moi, la distance de toi vers moi, de moi vers toi, le risque qu’on s’entre-contamine, ne me croise pas et ne me touche pas.

Elle s’imprègne de bleu, par la fenêtre elle touche le vent. Paisiblement, elle ferme les yeux, s’apaise et respire.

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Rêves de désert en bleu du ciel

22 juillet 2013

Elle se prépare au désert, à la chaleur sèche et brutale ne cédant qu’à la nuit toute aussi violente mais froide. Elle se prépare à être bousculée par les éléments et à y trouver la paix. Il y a quelque chose d’intensément apaisant à regarder le ciel et ne lui trouver ni début ni fin et que le sable en mer aux vagues immobiles comme frontière. Un géant regarde l’autre, et entre les deux le soleil et les hommes.
Son ciel ici est réduit par les arbres et les constructions des hommes, ces bâtiments carrés construits rapidement dans une logique pécuniaires ignorant l’esthétique et l’infini des ans.
Elle regarde les dessins des avions et leur danse géométrique lorsque le tracé de l’un rejoint celui du précédent, comme un baiser d’une éternelle tendresse posé sur un front endormi.
Elle songe à la brûlure du jour et les nuits grelottantes, elle a hâte tout en étant inquiète, inquiète des éléments et de ce ciel trop bleu et vide d’avion en danse de baisers.

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En attendant la suite

5 juin 2012

(et toujours, un lampadaire devant)

Dans son cœur s’égrainent des notes sombres et lentes cherchant la lumière. Elle s’inquiète de leur résonance faisant jusqu’à vibrer son âme, et du silence ensuite conduisant jusqu’aux larmes. Dans ses yeux, des gouttes de pluies et l’espoir d’un vent soudain, qui grâce à ses bourrasques ramènerait le calme. Dans ses mains le vide des armes, de l’attente et du rien.